IL Y A DE NOMBREUSES SITUATIONS dans la vie où l’adage «Qui perd gagne» se vérifie. Prenons d’abord l’adage à l’inverse. Combien ont perdu en gagnant! Tel ce monsieur qui, en devenant millionnaire à la loterie, a littéralement dégénéré, au point qu’il est devenu une loque humaine. Un autre pensait avoir rencontré l’être de sa vie et avoir atteint la région bienheureuse où l’être aimé ne peut plus faire de mal, et pourtant il a subi l’irréparable outrage. Grâce à cet échec amoureux, pourtant, il été soustrait à un destin d’incompréhension et de solitude dans lequel il s’embarquait aveuglément. Dans combien de circonstances et d’événements, la loi de la survie s’exprime en déroutant.
Voici un fait qui n’est pas banal. Le 1er juin 2009, un avion d’Air France transportant 228 passagers s’abîme dans l’Océan Atlantique, entre Rio de Janeiro et Paris. L’avion est pulvérisé et l’on se perd en conjectures sur la cause de l’accident. Le lendemain, les journaux parlent d’un couple de Français miraculé. Miraculé? Non pas parce que ce couple est sorti vivant du «crash», mais parce que, avant son départ, ce couple avait tenté en vain d’échanger des billets pour pouvoir embarquer sur ce vol. Inutile de dire combien ils étaient heureux de ce contretemps. Chanceux dans leur malchance, comme dit la sagesse populaire. L’échec leur avait sauvé la vie!
Si vous pouviez lire en filigrane à travers tout événement manqué de votre vie, vous seriez étonnés de savoir ce qui serait arrivé si vous aviez réussi. Non pas qu’il faille souhaiter l’échec et courir après lui. L’échec n’est pas à rechercher. Paradoxalement, cependant, l’échec possède une dynamique parfois aussi forte que le succès. On a parlé avec raison de la pédagogie de l’échec. L’échec est souvent la seule façon de nous enseigner ce que nous avons vraiment besoin de savoir sur la vie.
Jean-Paul Simard