CHAQUE JOUR RÉINVENTER SA VIE

299x168«SE RÉINVENTER, c’est avoir le courage de transcender ses peurs, c’est apprendre de nos erreurs, c’est nourrir des projets et des rêves tout en appréciant le moment présent. C’est aussi laisser aller le passer, et enfin, ouvrir son esprit à un monde qui ne cesse de se renouveler.» (Nicole Bordeleau)

   «Chaque jour réinventer sa vie sans jamais abandonner» 

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LA SAGESSE DU VINGT-QUATRE-HEURES À LA FOIS

Lâchez priseCARPE DIEM

Pourquoi cherches-tu l’impossible
en voulant à tout prix
connaître d’avance
ce que la vie nous réserve
à toi et à moi ?

Quoi qu’il puisse nous arriver,
la sagesse n’est-elle pas
de nous soumettre chacun à notre sort ?

Que la vie te réserve encore bien des hivers
ou, au contraire,
que tu sois en train d’en vivre le dernier
─ celui-là même qui, en ce moment,
éreinte les vagues de la mer
à l’assaut des rochers ─
crois-moi,
ne change rien à tes occupations
et, dans un cas comme dans l’autre,
n’escompte jamais vivre
plus loin que le jour où nous sommes.

Déjà, tandis que nous parlons,
le temps impitoyable aura fui.

C’est aujourd’hui qu’il faut vivre.
car demain reste pour toi
ce qu’il  y a de moins sûr.

(Dédié à une jeune fille du nom de Leuconoë, ce poème appartient au premier livre des Odes d’Horace (Ode XI : AD LEUCONOEN) et doit sa célébrité à son dernier vers où figure l’expression littéralement intraduisible CARPE DIEM.)
– Traduction et adaptation moderne : Gilles Simard, PH. D. Tous droits réservés.


COMMENTAIRE DU TRADUCTEUR

Il est rare dans l’histoire de la poésie qu’une image ait connu autant de succès que l’expression CARPE DIEM issue d’une ode brève du poète latin Horace.
     Ce couple de mots littéralement intraduisible tire son dynamisme de l’association inattendue du verbe CARPERE et du nom DIEM. Le premier appartient à la sphère des fruits. Fruits que l’on cueille, que l’on porte à la bouche pour les savourer.
     Le second mot est un nom complément direct du premier et désigne tout simplement le jour. C’est la syllabe DI que l’on retrouve en français dans l’appellation des jours de la semaine : lundi (jour de la Lune), mardi (jour de Mars)…  CARPE DIEM est donc une invitation à saisir le jour et à le déguster comme un fruit savoureux.
     Cette invitation était dédiée initialement à une jeune fille au prénom grec révélateur LEUCONOË, qui signifie ESPRIT BRILLANT. Une jeune fille qui, d’après les recommandations que lui adresse Horace envisageait tout naturellement de vivre longtemps. Avec une tendresse toute paternelle et une profonde sagesse, le poète appelle cette jeune fille à réaliser que la vie se passe au présent et qu’il lui faut mordre à belles dents le moment qui passe, même si elle savait par impossible qu’elle allait effectivement vivre encore bien des hivers.
     Il faut lire les huit vers latins où s’insère, au début de la dernière ligne, l’expression en question (CARPE DIEM) pour comprendre la portée universelle du conseil que nous glisse Horace avec un pincement au cœur à peine voilé, face à l’écoulement irrémédiable du temps.
     J’imagine difficilement qu’un être humain puisse rester insensible à ce message. Mais, je pense d’abord aux gens que la vie n’a pas ménagés et qui y trouveront un réconfort appréciable. Je trouverais normal que ce texte figure dans une chambre d’hôpital. Mais aussi dans un corridor d’école. Pourquoi pas dans une salle d’attente? Partout où des gens circulent machinalement et cherchent inconsciemment un sens à la vie.
     La richesse de ce message est qu’il est neutre. Il s’attache à l’essentiel de l’existence, sans aucune considération ni de race, ni de religion, ni de parti politique. Horace l’a écrit à une époque où ses concitoyens s’entre-déchiraient par une guerre civile.
     Le poème résume en même temps la fine fleur de toute l’Antiquité grecque et latine en plus d’accéder à une profondeur humaine universelle, à travers une image inaltérable. Puisse-t-il susciter une émotion comparable à celle qu’éprouvèrent ses premiers lecteurs, en 23 av. J.-C., année de sa  première publication !

Gilles Simard, PH.D.

 


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Renaître !

Dans la panoplie des souhaits que l’on peut faire à quelqu’un y en a-t-il un de plus beau, de plus pertinent que celui de renaître? Un souhait à saveur évangélique, puisqu’il répond à la célèbre invitation de Jésus à Nicodème : Renaître d’en haut. Mais qu’est-ce que renaître?


Pour plusieurs, la renaissance évoque un phénomène bien particulier : celui de la réincarnation. Là-dessus, précisons tout de suite que le souhait que je formule ici n’a rien à voir avec cette hypothétique forme de renaissance dont on n’a rigoureusement aucune preuve. Renaître réside bien plutôt dans une attitude aussi simple que géniale et qui rejoint en même temps l’une des plus grandes dynamiques de la vie : RE-COM-MEN-CER!

L’invitation à recommencer est motivée par la nouvelle année, mais bien plus encore par la vie elle-même, faite d’alternance de succès et d’échecs. Et les occasions ne manquent pas. Vous vous souvenez sans doute de la phrase d’un psychologue bien connu : Aimer, perdre et grandir…? Une phrase qui peut s’appliquer à bien des domaines de la vie : travailler, perdre et grandir; investir, perdre et grandir; boire, se droguer, jouer, perdre et grandir; divorcer, perdre et grandir, etc. Nous pourrions multiplier ainsi les domaines où peut s’appliquer cette dynamique étonnante qui s’appelle renaître des pertes de la vie.

Au cours d’une année, nous subissons quotidiennement des pertes de toutes sortes. Qui n’est jamais victime dans sa vie? Qui peut affirmer ne jamais échouer ou rater quelque chose? La plupart du temps, le malheur est imprévisible. Il peut surgir à tout instant des sentiers de la vie ou se positionner sur la trajectoire de notre destin, défaisant sans discernement nos rêves les plus beaux.

Quelqu’un m’avouait un jour : «Il y a deux ans, tout allait bien. Aucun problème familial ni professionnel. Et puis, brusquement, j’ai vu s’effondrer ce que j’avais mis quinze ans à construire.» Une autre personne me confiait: «Un jour que j’étais dans un centre commercial, j’ai été accablé d’un désespoir si intense que j’ai cru que ma vie s’arrêtait, que mon avenir était bouché et que rien n’avait de sens.»

Un individu, fût-il équilibré, peut être amené un jour ou l’autre à un total bouleversement de son existence, à une remise en question radicale de ses valeurs personnelles. Qu’est-ce qui peut alors motiver à tenir le coup malgré les épreuves et même à survivre dans les situations extrêmes? Qu’est-ce qui peut amener à renouer avec la vie et à reprendre le fil de son histoire?

La vérité, c’est qu’il existe dans l’être humain des forces profondes qui sommeillent, de même qu’un irrésistible enracinement de la vie qui font que l’on peut survivre aux pires malheurs de l’existence. « Quand croit le péril, croît aussi ce qui sauve » a écrit le grand poète Friedrich Hölderlin. L’expérience nous enseigne que chaque malheur est accompagné de mécanismes qui sauvent. Il existe, en effet, un tel phénomène dans la vie. Pour pallier les effets négatifs de l’existence, la nature a prévu des mécanismes compensatoires de défense et d’adaptation. Toute personne possède en elle-même le potentiel nécessaire pour redonner un sens ou une signification à son existence quand elle l’a perdue. Toute personne est capable de résoudre ses conflits ou d’apprendre à vivre avec eux. Il est même possible d’atteindre par moment des états de conscience où l’on peut accomplir des miracles. C’est ainsi que chaque perte ou chaque mort porte son potentiel de résurrection. Aussi faut-il faire confiance à la vie et avoir foi en son propre chemin.

Renaître! Une fois ce mot prononcé, tout peut devenir possible. Comment dire? Nous pourrions parler ici de création, dans laquelle la vie se présente comme une succession d’états naissants, pour ne pas dire une naissance perpétuelle. C’est ainsi qu’on meurt un peu à chaque instant à ce que l’on est pour devenir autre. «Mourir pour renaître» devient ainsi l’une des grandes lois de la vie. La vie n’est pas une loterie. Elle n’est pas donnée toute faite. Pour être pleinement soi-même, on doit constamment se reprendre, se refaire physiquement, mentalement et moralement. En réalité, on passe sa vie à se mettre au monde. Voilà pourquoi la capacité de renaître est le plus grand don après la vie. 

Jean-Paul Simard

http://jeanpaulsimard.com/index.php/sample-page/renaitre-des-pertes-de-la-vie/

Hymne à ma ville

Un jour,   sur  les bords  de  la rivière Saguenay
Pays de neige, de lacs, de montagnes, de marées,
Tu jaillis  tel  un  Fjord  du  courant de l’histoire,
Faisant d’un Royaume une ville aux mille espoirs.

La Baie,   la fabuleuse,  berceau  des  origines,
Chicoutimi,   la reine,  chef-lieu   de  la mairie,
Jonquière, l’industrieuse, forgée dans ses usines,
Laterrière,  l’artisane,  son moulin,  sa prairie.

Lac   Kénogami ,   terre-mère   de   villégiature,
Shipshaw, force  hydroélectrique  de  la  nature,
Canton Tremblay, mémoire vive de son  épopée.

Gens d’honneur, de foi, d’action et de causerie,
Unis dans le destin, dans l’épreuve et les défis,
Ainsi  rayonne  l’âme   de   la  nouvelle  cité,
Magnifiquement appelée Ville de Saguenay.

                                                 Jean-Paul Simard


* Poème de forme libre imitant le sonnet.

* Causerie : terme du terroir signifiant causer, parler familièrement.

* Saguenay : mot de la langue montagnaise signifiant «là où l’eau sort».