Les 5 remèdes à la tristesse de Saint Thomas d’Aquin
Un article du journaliste Don Carlo de Marchi, dans Aleteia, m’a récemment beaucoup interpellé.
Cet article s’intitule «Les 5 remèdes à la tristesse selon saint Thomas d’Aquin». Selon le journaliste, les cinq remèdes du célèbre philosophe et théologien du Moyen-Âge (1224-1274) se révèlent d’une étonnante efficacité.
Le premier remède réside dans le plaisir.
Quels plaisirs ? Tous les plaisirs licites, bien sûr. Cela peut paraître un peu matérialiste de dire ça, mais à l’instar du journaliste Don Carlo, on peut prendre la comparaison du chocolat noir, dont on reconnaît de nos jours l’effet antidépresseur. Même chose pour une bonne bière qui peut faire oublier une journée d’amertume. On dit que Thomas d’Aquin était obèse et aimait bien boire et manger. Rien d’incompatible en cela avec l’Évangile. Qui ne connaît la parole de Luc : «Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant, et vous dites: c’est un mangeur et un buveur» (7,33) ? Avant et après sa résurrection, Jésus n’a-t-il par participé à des déjeuners et des banquets, et apprécié nombre de belles choses de la vie?
Le deuxième remède consiste à pleurer.
Pleurer est parfois le meilleur moyen de s’exprimer et de se libérer d’une douleur devenue accablante. Pour surmonter la mélancolie, il faut un exutoire, une soupape, sinon l’amertume s’accumule et envahit toutes les plages de la vie. On se rappellera que Jésus a pleuré sur le sort de ses amis. Et le pape François observe que « certaines réalités de la vie ne sont visibles qu’une fois nos yeux lavés par les larmes. Je vous enjoins tous à vous demander : ai-je appris à pleurer ? ». Le pape ne fait que rejoindre en cela la sagesse biblique qui dit : «Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans l’allégresse» (Ps 126, 5).
Le troisième remède est la compassion de nos amis.
Parler à des amis en qui on a confiance de sa peine, de sa douleur entraîne un soulagement. Savoir engager une conversation avec une personne accueillante, capable de recevoir nos confidences fait bénéficier de la compassion des autres. Mais pour cela, il ne faut pas céder à la tentation du repli sur soi.
Beaucoup de personnes ont peur de se confier, prétextant qu’elles ne veulent pas déranger. Il faut savoir que la compassion est un sentiment naturel. On la définit, d’ailleurs, comme une forme de sympathie ou d’ouverture vis-à-vis la souffrance de l’autre, associée au souhait de le libérer de cette souffrance.
Dans la pensée bouddhiste, la compassion est la forme que prend l’amour altruiste lorsqu’il est confronté aux souffrances d’autrui. Elle est définie comme «le souhait que tous les êtres soient libérés de la souffrance et de ses causes». Quel bel exemple ne trouvons-nous pas dans l’Évangile avec le bon Samaritain ! N’y a-t-il pas toujours dans la vie un bon Samaritain prêt à soulager notre détresse ?
Le quatrième remède est la contemplation de la vérité.
Thomas d’Aquin entend par là la contemplation de la splendeur des choses, celle de la nature, de la beauté d’un paysage, d’une œuvre d’art, celle de la musique, qui peut être un baume particulièrement efficace contre la tristesse. Et j’en sais quelque chose. J’ai moi-même le bonheur d’habiter l’une des régions les plus belles de la planète. Une région qui possède une âme cosmique d’une telle magnificence et d’une telle splendeur que les mots défaillent pour en traduire la beauté. Cette âme s’incarne dans le majestueux Fjord marin du Saguenay. Combien de fois, dans ma vie, j’ai bénéficié de la compassion du Fjord. La nature a cette capacité de faire disparaître les angles morts de la vie. Souvent, lorsque mes plans se décoloraient ou que la vie me donnait peu de gratification, je suis allé me confier au Fjord avec l’âme d’un enfant qui s’ouvre à sa mère.
Le cinquième remède, dormir et faire sa toilette.
Conseil assez surprenant pour un maître du Moyen-Âge. Thomas d’Aquin affirme que dormir et faire sa toilette sont d’excellents remèdes à la tristesse. Il conçoit qu’un soulagement corporel est utile pour remédier à un mal psychologique. Nous connaissons déjà les propriétés du sommeil. Quant à la toilette, je donnerai l’exemple suivant. Il y a quelques années, un slogan publicitaire fit la fortune d’un propriétaire d’une chaîne de salons de coiffure présente dans 36 pays. Ce slogan clamait: «Recoiffe-moi le moral». Effectivement, aller chez le coiffeur, avoir une «nouvelle tête», bien s’habiller, n’est-il pas bon pour le moral ?
Comment mieux conclure qu’en retournant encore une fois à la sagesse biblique qui dit : «Et votre tristesse se changera en joie.»
Jean-Paul Simard
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