EPHATA – La spiritualité du coeur

EphataLA SPIRITUALITÉ DE L’AVENIR SERA-T-ELLE CELLE DU CŒUR ?

LONGTEMPS LE CŒUR  a été négligé en spiritualité. En anthropologie, le cœur, c’est la profondeur, le centre. En théologie patristique, le cœur, c’est le lieu de l’intériorité et de l’expérience spirituelle et religieuse. C’est le « lieu de Dieu », l’instance qui rend capable de percevoir l’au-delà, le monde divin au fond de soi-même et d’établir une relation avec Dieu se révélant à la personne. C’est le lieu du désir et de la connaissance de Dieu. Comme l’écrit Pascal : «C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison, voilà ce qu’est la foi, Dieu sensible au cœur et non à la raison » (Pensées, 278). On peut imaginer ici toute la richesse d’une spiritualité axée sur la découverte du cœur profond.

Consultez la fiche technique du livre :

https://mediaspaul.ca/catalogue/ephata-1695

https://www.gallimardmontreal.com/catalogue/livre/ephata-la-spiritualite-du-coeur-simard-jean-paul-et-dufour-sim-9782891294300


Ephata ?

  • Une pédagogie de l’existentiel

  • Une conception anthropologique de l’expérience spirituelle

  • Retrouver le dynamisme de la tradition vivante

  • L’intelligence symbolique

  • Pédagogie et encadrement à Ephata


∗  Le co-auteur Simon Dufour en quelques mots…
 Après des études de maîtrise en Pastorale à l’Université Laval, il obtient de l’Institut catholique de Paris un diplôme de maîtrise en Catéchèse et le Diplôme Supérieur d’Études Bibliques. De retour au pays, il reçoit du Collège dominicain d’Ottawa son doctorat en théologie. Ordonné prêtre en 1970, il a enseigné à l’Université du Québec à Chicoutimi avant d’être l’un des cofondateurs du Centre Ephata, maintenant devenu un monastère.

∗  Pour Jean-Paul Simard voir la rubrique AUTEUR du présent site.

 


PRÉFACE DE JEAN DESCLOS, VICE-RECTEUR À L’UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE

                                                                         PRÉFACE 

(Préface de Jean Desclos, vice-recteur à la communauté universitaire, Université de Sherbrooke)

 En ces temps de guerre aux terrorismes, nous réfléchis­sons d’une manière nouvelle à la contribution appor­tée par les croyants au bonheur des humains. Quelle influence réelle exercent les religions sur la politique, la justice, les conditions de vie des gens ? La foi en un Dieu ou en un Absolu servant de référence ultime à l’existence humaine offre-t-elle quelque avantage ou uti­lité ? Le bilan de nos tragédies guerrières ne suffit-il pas à illustrer le mauvais rôle joué par les croyances, surtout fondamenta­listes, dans les affrontements les plus violents ? Les expé­riences spiri­tu­elles et religieuses aujourd’hui éclatées en fonction de l’atomisation des croyances méritent-elles une attention sérieuse ?

Je regarde ce monde très développé avec ma lunette de croyant parvenu à une certaine maturité, guéri, je l’espère, de trop naïves illusions. Nous sommes entrés dans l’ère de la religion à la carte, sur mesure, avec ce que cela implique d’isolement des consciences et de désaffection du religieux institutionnel traditionnel. En même temps se manifeste une résurgence de la violence dans nos démocraties, y com­pris par la montée des intégrismes religieux, politiques, économiques. Certes, je continue de croire résolument en la bonté radicale des humains, à leur intelligence et à leur bienveillance. Mais j’ai parfois un doute sur l’évolution réelle de nos sociétés, sur notre progrès spiri­tuel au sens d’un meilleur enracinement de nos vies dans des valeurs fortes, inusables, porteuses de sens et de vie, et sur notre capacité de libérer la liberté qui est en nous.

Et c’est là que je croise les pas et les yeux de mon Dieu et Seigneur. Il est le Libre et le Libérant. Mieux, il se refuse à toute caricature qui l’emprisonne dans une formule, une représentation. Il est le Dieu inutile et gratuit, dérangeant et gratifiant, humble autant que puissant, fort sans s’imposer et sollicitant l’amour en se donnant infiniment. L’idolâtrie dénoncée par les textes de la Torah vise les fausses images qu’on se fait de lui. Le Décalogue est une déclaration de libération : l’idole asservit, Dieu libère. Les représentations de Dieu qui servent les causes humaines sont à risque de violence. Seule une saine réflexion, une croyance mise à l’épreuve du sens, peut nous éviter les pièges du fondamentalisme simplificateur.

Car les humains sont attirés par la pensée simple, cons­truite par des oppositions claires où tout est tranché en noir et blanc, en occultant l’ambiguïté du réel et en empri­sonnant la réflexion dans une logique binaire impitoyable et violente. Alexis de Tocqueville note à quel point les gens répugnent à l’effort de comprendre les choses complexes : « Il n’y a, en général, que les conceptions simples qui s’emparent de l’esprit du peuple. Une idée fausse, mais claire et précise, aura toujours plus de puissance dans le monde qu’une idée claire, mais complexe » (De la démo­cratie en Amérique, I, p. 253).

En conséquence, les humains aiment les idées qu’ils se font de Dieu plus que Dieu lui-même. Ils ne soupçonnent pas toujours qu’ils n’ont pas accès direct à Dieu, mais bien aux représentations qu’ils s’en font, le plus souvent pour satisfaire leurs attentes et leurs besoins. Ils ont beaucoup de difficulté à laisser Dieu être le Dieu qu’il veut être. Le Dieu de la foi chrétienne nous libère de nos idées simples et de nos certitudes emprisonnantes. Il nous renvoie cons­tam­ment au désert, dans le dénuement et la pauvreté, vivre ce détachement qui est libération de toute attache asservissante.

L’anthropologie spirituelle, comme effort théologique ori­ginal, mise sur la liberté radicale du sujet et sur sa volonté de libération. Elle fait appel à l’autonomie par laquelle le sujet s’oblige lui-même, en toute conscience, à se construire de l’intérieur, par en dedans et par en avant, avec l’énergie que lui donne le Dieu vivant au cœur de son cœur.

Comme démarche de croissance et de soutien spirituel, elle prend appui sur la liberté de l’Esprit en le laissant être et souffler où il veut, en faisant le pari que le désencombrement de soi, par un lâcher-prise croyant et serein, permettra à la Pensée de penser en soi, à la Vie de se dé­ployer en toute vie, à l’Amour de dynamiser tout amour. Elle laisse à la personne qui écoute la Parole la liberté de ­s’approprier le sens d’un message ouvert, transmis dans sa richesse symbolique ouverte et évocatrice.

Ce que les fondateurs et les intervenants du Centre Ephata ambitionnent de faire est de cet ordre. L’anthro­pologie spirituelle sert à la fois de repère pédagogique original pour une formation théologique audacieuse et de cadre d’expériences spirituelles porteuses de nouvelles forces d’intégration de toute la vie. Le monde dans lequel nous vivons a besoin de la contribution de croyants qui savent mieux qui ils sont comme croyants, pourquoi ils sont en quête de Dieu, et quelles questions fondamentales ou souffrances existentielles ils peuvent partager avec leurs semblables. À ce titre, l’anthropologie spirituelle enseignée et vécue au Centre Ephata a raison de se présenter comme intelligence du cœur pour des humains qui ont besoin de libérer l’Amour enfoui en eux.

Jean Desclos,
vice-recteur à la communauté universitaire,
Université de Sherbrooke


RECENSEMENT DANS LA NOUVELLE REVUE THÉOLOGIQUE (BELGIQUE)

Nouvelle revue théologique
Ephata. La spiritualité du coeur

Simard J.-P.Dufour S.Ephata. La spiritualité du coeur, coll. Ephata, Québec, Anne Sigier, 2003, 23×16, 207 p., 20 €. ISBN 2-89129-430-0

Deux Canadiens, docteurs en théologie, désirent répondre à J.P. II disant que nous sommes à l’heure des programmes concrets et efficaces. Ils nous offrent ici un livre-programme proposant la substance de leur découverte qui les a amenés à fonder le centre Ephata (ouvre-toi). Chez nous, catholiques occidentaux, écrivent-ils, le cœur a été trop souvent suspecté et négligé en spiritualité au profit de la raison, du dogme et de la morale. Eux proposent un renouveau spirituel à partir d’une spiritualité du cœur. Aujourd’hui, dans sa quête spirituelle, l’Occident recherche la fécondité de l’existence, le développement du potentiel humain, la réconciliation de l’homme avec son être profond…Certains arrivent par-là à «l’éveil spirituel» en découvrant la transcendance au coeur même de l’immanence. Malheureusement pareille découverte se fait souvent hors du christianisme parce qu’on ignore la tradition spirituelle chrétienne, spirituelle et mystique, sur l’expérience de Dieu.

 Aussi les deux auteurs revalorisent la spiritualité de l’Église orientale du premier millénaire fondée sur l’expérience spirituelle et veulent nous faire partager leur découverte. Pour tous les mystiques, on ne connaît vraiment Dieu que par la voie de l’amour, tandis que la raison ne parvient qu’à l’existence de Dieu et à quelques-uns de ses attributs. Le renouveau spirituel doit donc partir de notre coeur profond. L’homme est ici considéré dans ses trois composantes bibliques: corps, âme, esprit. Enfants de Dieu promis à l’immortalité, c’est notre esprit qui nous met en relation avec le Tout-Autre. C’est lui que nous appelons ici «cœur»; non pas cœur physique ou psychologique, mais coeur profond, mystique, qui seul peut vivre la véritable expérience de Dieu. Sorte d’odyssée spirituelle, cette expérience articule la foi à la vie et exige une vraie conversion de notre intellectualisme. Il s’agit proprement de renouveler notre discours théologique pour «l’ouvrir» à la spiritualité; de là le titre de cet ouvrage et de leur fondation Ephata.

 Le livre procède en quelques étapes: une pédagogie de l’existentiel, anthropologie de l’expérience spirituelle, retrouver le dynamisme de la tradition vivante, l’intelligence symbolique, pédagogie et encadrement d’Ephata. Les deux auteurs veulent renouveler la pédagogie et la pratique théologiques pour faire de l’expérience spirituelle un chemin de croissance. Ce nouveau modèle pédagogique intéressera beaucoup de personnes en quête de renouveau spirituel. D’autres ouvrages détailleront et préciseront ce vaste programme. Souhaitons un franc succès à cette fondation qui répond à des besoins croissants de vécu spirituel. Certes la raison garde sa place, mais extérieure, secondaire et non plus dominante. – B.C.